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    Ayant eu dernièrement un assez grave problème de santé, j’ai été hospitalisé pendant une semaine.

    Ce n’est malheureusement pas la première fois que cela m’arrive mais, l’âge aidant, c’est peut être la première fois que je prends conscience avec autant d’acuité de l’isolement qu’impose ce statut de personne hospitalisée par rapport à la société humaine dite « normale ».

    Bien sûr, sauf si vous êtes à la dernière extrémité, la condition de patient hospitalisé vous amène à côtoyer de nombreuses personnes : le personnel soignant d’une part et vos semblables « internés », parfois même dans la promiscuité désagréable d’une chambre non individuelle.

    Mais en dehors de ces derniers avec lesquels les échanges sont souvent limités par leur condition de souffrance, toutes les personnes que vous avez l’occasion de rencontrer vivent, vous le savez très bien, dans un monde qui vous est, pour l’instant, inaccessible.

    Ils ont sur le dos leurs propres habits et non pas la camisole qu’on vous a imposée à votre entrée et qui, malgré vos efforts pour la fermer, laisse votre postérieur à l’air et à la vue de tous. Ils vaquent à leurs occupations quotidiennes, quitte à s’en plaindre, alors que vous restez inactifs et vous morfondez jour et nuit dans vos réflexions négatives, voire morbides. Ils maîtrisent leur vie et décident de leurs activités alors que, dès l’admission dans l’établissement, vous vous en remettez passivement aux médecins et subissez le fruit de leurs décisions supposées éclairées.

    Même lorsque vos proches vous rendent visite, vous téléphone ou vous écrivent, vous avez le sentiment d’être en contact avec un autre monde, celui des vivants auquel, pour l’instant, vous n’appartenez pas.

    Un exemple à mon avis marquant de ce « décalage » est celui des conversations entre aides-soignantes ou infirmières, conversation dont vous bénéficiez lorsqu’elles vous prodiguent les soins ou, dans le couloir, par la porte ouverte de votre chambre. Elles y discutent du dernier programme télévision, de l’enfant qu’il va falloir aller chercher à l’école, du mari qui rentre trop tard. Assez curieusement cette fenêtre ouverte sur le monde réel ne me distrait pas et ne me fait pas de bien. Ces « odeurs » et « images » du dehors ne génèrent chez moi qu’une envie : bénéficier de ma « levée d’écrou », sortir de la bulle hospitalière et retourner dans le monde des vrais vivants !

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