• - Du livre et de ses supports

     

     

    - Du livre et de ses supports

     

     

    J'ai entendu récemment à la radio une émission littéraire (que j'apprécie par ailleurs beaucoup) au cours de laquelle un auteur de livre pour enfants se « réjouissait » d'avoir appris « que le livre numérique se cassait la g..le ».

     

    L'animateur de l'émission renforçait malheureusement cette intervention agressive en précisant que, lui aussi, était « ravi » d'apprendre cette nouvelle car son émission « militait pour le livre ».

    J'avoue en avoir un peu assez de cette polémique sur le livre numérique, mis au ban de la littérature par certains intellectuels qui lui opposent « la formidable odeur du papier » et le plaisir qu'il y a « feuilleter un objet tangible, à pouvoir l’annoter ou le relire ».

     

    Je crois être un lecteur assez assidu et amateur de littérature variée. Je lis volontiers des livres imprimés sur du papier mais possède aussi et utilise quotidiennement, depuis plusieurs années une liseuse électronique. Je suis aussi un fervent amateur de livres audios aujourd'hui remarquables par le talent de leur lecteur qui savent les faire vivre comme de véritables acteurs font vivre une pièce de théâtre.

     

    En ce qui me concerne, la qualité des livres et le plaisir que j'ai à les lire ou les écouter ne sont pas liés au support sur lesquels ils ont été transcrits mais à leur contenu et au talent de leur auteur . Pour moi, un livre existe par les mots, les phrases, les idées ou les histoires qu'il véhicule et vous fait partager, que ce partage soit fait par le biais de feuilles de papier, d'un écran ou d'un fichier sonore.

     

    Le combat contre le livre numérique me semble être aujourd'hui un combat d'arrière garde même si, comme il en est de toutes les technologies nouvelles, surtout dans nos contrées très résistantes au changement, elles prennent du temps pour rejoindre les habitudes quotidiennes de nos concitoyens.

     

    Sachez aussi Messieurs les professionnels auteurs et journalistes littéraires que le livre numérique comme son aîné héritier de Gutenberg vous fait vivre. Il est en effet vendu presque au même prix que ce dernier et vous fourni autant de droits d'auteur et de matière à article que ce dernier.

     

    Je remarque aussi que la plupart des détracteurs du livre numérique se réfèrent aux inconvénients et limites de la lecture sur ordinateur ou tablette. Je tiens donc à préciser qu'à mon avis le support le plus adapté à la lecture numérique est ce qu'on appelle une liseuse, objet ayant des fonctionnalités particulièrement adaptées à la lecture et aucun des inconvénients associés, en la matière, aux ordinateurs, ordiphones et tablettes.

     

    Bien sûr, le livre numérique a cependant ses défauts comme tout objet ou concept : son « absence d'odeur » pour certains mais surtout, plus sérieusement, le prix assez élevé des liseuses, le prix de vente des ouvrages numérique sans rapport avec leur prix de revient et la main mise de grands distributeurs comme la FNAC ou Amazon sur le marché qu'il représente.

     

    Mais êtes vous conscients chers détracteurs de ses indéniables avantages : son incroyable capacité d'emport (j'ai dans ma liseuse en permanence plusieurs livres (romans, essais, littérature classique) que je n'emporterais pas forcément toujours dans ma besace : lorsque je me réveille la nuit étant parfois sujet aux insomnies inhérentes à mon grand âge, je peux retrouver le sommeil en reprenant ma lecture sur mon écran sans réveiller mon épouse ou mon chien ; pour ce qui est des annotations elles sont non seulement possibles mais peuvent être partagées avec d'autres lecteurs ; enfin, en ce qui concerne la relecture des ouvrages, même si je ne pense pas qu'elle soit fréquente pour la plupart d'entre nous, elle est à mon avis facilitée par la disponibilité permanente, dans votre liseuse, si vous le souhaitez, de vos lectures antérieures.

     

    Loin de moi l'idée de condamner le papier mais prenez-vous en considération son empreinte écologique négative et sa faible pérenité surtout dans ses versions les meilleures marché lorsque vous en faites l'apologie ?

     

    Par ailleurs avez-vous pensé en condamnant hâtivement cette nouvelle technologie, aux personnes mal voyantes incapables de lire les petits caractères de nombreuses éditions sur papier et qui peuvent, grâce au libre choix et à la taille des polices de caractère disponible sur leur liseuse, continuer à jouir du plaisir de la lecture ?

     

    Contrairement à ce que vous craignez peut-être le livre numérique n'est pas prêt d'éliminer le livre papier et c'est tant mieux pour tous celles et ceux qui l'apprécient. Il en est en général ainsi pour la plupart des nouvelles technologies qui change l'usage de leur prédécesseurs mais ne les suppriment pas. La télévision n'a pas supprimé la radio, le smartphone n'a pas supprimé l'ordinateur, le MP3 n'a pas éliminé le CD et le CD n'a même pas supprimé le disque vinyle.

     

    Non Messieurs, si il était vrai que le livre numérique était, comme vous l'avez affirmé, en chute libre, il ne conviendrait pas de s 'en réjouir, surtout venant de la part de professionnels censés défendre le plaisir de la lecture plutôt qu'un type de support qui, j'en suis certain a de toutes façon encore de beaux jours devant lui.

     


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