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- le développement de l' intelligence artificielle marquera t-il la fin de l'humanité ?
Participant récemment à une conférence sur le thème « les lumières numériques », à savoir l’intelligence artificielle et ses perspectives, j'ai pu constater que l'évolution de ces techniques, comme celles de la génétique, pourrait, lorsque les chercheurs les plus avancés en la matière jouaient aux apprentis sorciers, représenter un danger pour l'humanité.
Les deux conférenciers du jour : Diem Ho (membre de l'Académie de technologie de IBM, "Informatique cognitive") et Dimitri Konstantas (Directeur de l'Institut des Sciences de l'information à l’Université de Genève) présentaient pour le premier les prouesses du super ordinateur d'IBM : Watson et pour le second les perspectives d'évolution des objets connectés tels que les portables, tablettes et autres ordinateurs embarqués.
L'un et l'autre, très intéressants par ailleurs, parsemaient leur exposé de terminologie et comparaison avec le fonctionnement de notre propre cerveau. On y employait les termes de « neurone », de « synapse » pour qualifier les éléments des ordinateurs censés se rapprocher, dans leur fonctionnement et objectifs fonctionnels de ce qui se cache sous notre crâne. Monsieur Konstantas allait jusqu'à comparer les 100 milliards de neurones de notre cerveau aux 50 milliards d'objets informatisés vraisemblablement connectés à l'horizon de 2020.
Lors qu’arriva la traditionnelle session de questions/réponses faisant suite à toute conférence ou exposé, je me permettai d'interpeller les deux experts sur les éventuels dangers d'une intelligence artificielle dépassant celle de l'être humain et se passant alors du contrôle de ce dernier pour ses actions et décisions. Je me référai à un article paru le matin même dans le quotidien « Le temps », article dans lequel l'astrophysicien britannique mondialement connu et reconnu Stephen Hawking affirmait « que le développement de l'intelligence artificielle pourrait signifier la fin de l'humanité ». (http://www.letemps.ch/Page/Uuid/279202a4-7acb-11e4-a4b4-65a0dc79857a )
J'avoue que la réaction un peu légère des deux conférenciers affirmant leur confiance totale dans l'évolution de cette science, se moquant un peu de cette hypothèse pessimiste digne, selon eux, de films de science fiction, l'un d'entre eux allant jusqu'à affirmer en plaisantant qu'il préférait de toutes façons être dominé par un ordinateur intelligent que par un être humain stupide m'a un peu déçu. Je m'attendais de la part de tels spécialistes à une opinion plus philosophique et plus éthique.
Cette vision ou plutôt manque de vision est d'autant plus étonnante à la lecture d'un autre article long mais passionnant de Olivier Dessibourg intitulé « le jour ou les robots penseront »(http://www.letemps.ch/Page/Uuid/d0063916-11b5-11e4-befc-d0fb0d39023d ). Suite à une enquête effectuée dans la Silicon Valley le journaliste a découvert qu'il existait chez les experts une école intitulée « singularité » (vocable emprunté à l'astrophysique pour désigner ce qui dépasse les lois de la physique et donc la compréhension humaine), école au sein de laquelle les scientifiques partagent les doutes de Stephen Hawkings sur les risques associés à une recherche non contrôlée d'une intelligence artificielle maximum.7
Bien sûr ces experts dubitatifs s'opposent à d'autres beaucoup plus optimistes qui insistent sur la grande distance qui nous sépare du moment ou l'intelligence des ordinateurs et des systèmes connectés dépassera celle de l'homme mais la sagesse me semble venir du philosophe suédois Nick Bostrom (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nick_Bostrom) qui affirme : « Réalité et science-fiction, où poser la frontière? «La science-fiction a longtemps été l’un des seuls champs dans lequel des idées sur la convergence entre les intelligences humaine et artificielle ont pu être largement explorées. Récemment, des chercheurs académiques, comme nous, y ont accordé leur attention avec sérieux. Cette révolution numérique et l’avènement d’une intelligence artificielle générale, qui surviendront avec certitude, seront plus importants que les révolutions agricole et industrielle. Se poser sérieusement la question des risques et des bénéfices pour l’humanité est crucial. Plus on le fait tôt, plus on aura de temps pour permettre à l’homme d’y réfléchir et de se préparer.»
Tags : intélligence artificielle, cerveau, Nick Bostrom, Diem Ho, Dimitri Konstantas
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