• - Melody Gardot au théâtre du Léman de Genève le 22 avril 2013

     

     

    Etant arrivé en avance au Théâtre du Léman, j’ai eu l’occasion, en mangeant mon sandwich, d’observer le public de ce concert qui arrivait sur les lieux.

    Il s’agissait d’adultes, un peu « bobo », différent de ceux qui fréquentent habituellement les caves ou les festivals de jazz. J’ai été surpris (était-ce une coïncidence ?) de voir un nombre important d’ « éclopés » se déplaçant en claudiquant avec des béquilles ou une canne. Doit-on y voir un rapport avec le handicap de Melody Gardot qui l’oblige, depuis l’accident qu’elle a eu, à l’âge de seize ans, à se déplacer à l’aide (discrète) d’une canne ?

    En attendant le début du spectacle on peut tout à loisir observer le décor de scène, harmonieux fatras de matelas, bidons et, bien sûr, d’instruments de musique. Arrivent ensuite les musiciens puis Melody Gardot. Elle est habillée d’une longue robe noire et fendue sur le côté et coiffée d’un haut turban à l’africaine noir lui aussi comme ses lunettes, une vraie tenue de scène ! Commence alors le concert, Mélody au piano dans un premier temps puis, successivement au seul micro et enfin à la guitare.

    Même si elle s’en défend, elle est une véritable chanteuse de Jazz alternant les mélodies « bluesy » susurrées de sa voix suave (« Baby, I’m a fool »ou « Lisboa ») avec les morceaux endiablés et très rythmés (« who will confort me ») où elle démontre, avec facilité, sa capacité à porter haut et fort. La forme de son concert est également typique du genre. De nombreuses improvisations sur les thèmes connus tant de sa part que de chacun de ses musiciens.

    La diva dont la maturité semble plus forte que ne le laisse supposer son âge (28 ans) est magnifiquement accompagnée de cinq virtuoses (vents, batterie, basse, guitare et violoncelle). J’ai particulièrement apprécié le guitariste Mitchell Long, le saxophoniste Irwin Hall capable, lors de son accompagnement de jouer simultanément de deux instruments dans sa seule et unique bouche et le violoncelliste allemand Stephan Braun qui, lors d’un intermède fait un numéro époustouflant d’utilisation de pédale Loop et, encore beaucoup plus rare, accompagne Mélody en utilisant son violoncelle comme une guitare.

    En résumé, un splendide concert que je ne peux que recommander à tous ceux qui aiment le jazz. Si vous voulez en avoir un avant goût, vous pouvez visionner la vidéo de plus d’une heure du concert donné en 2012 au festival de jazz « AVO session » à Bâle. Il ressemble beaucoup à celui de sa tournée auquel j’ai pu assister.

    http://www.youtube.com/watch?v=2mgMM-DQlcQ

    Un petit regret toutefois : Melody Gardot s’est obstinée à s’adresser au public Genevois en Allemand. Personne ne lui avait visiblement indiqué que Genève était une ville francophone !


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  • - Voir ou revoir : « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, 1958- Voir ou revoir : « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, 1958- Voir ou revoir : « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, 1958

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je me suis projeté l’autre soir ce film dit « culte » dont beaucoup d’entre nous connaissent le nom et, parfois, ont entendu parler de la bande son de Miles Davis sans pour autant l’avoir vu.

    Ce n’était pas mon cas mais j’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à le revoir. J’ai d’ailleurs apprécié aujourd’hui dans ce film des éléments qui m’avaient été assez indifférents autrefois : la beauté de la photographie en noir et blanc particulièrement bien adapté au décor et à l’intrigue, l’élégance de la toute jeune Jeanne Moraud, les nombreux témoignages de l’époque qui était celle de mon enfance. On y voit, entre autres, la grosse décapotable américaine de Maurice Ronet ou la magnifique Mercedes 300 aux portes ailes de papillon des touristes allemands mais aussi une minuscule Isetta garée le long du trottoir ou la Lambretta au guidon duquel le jeune Georges Poujouli, à la fin du film, part à sa perte. Sans le contexte évocateur du milieu du vingtième siècle décrit par Louis Malle, on aurait presque oublié que les typographes de presse travaillaient « dans le dur », se salissant les mains sur de gigantesques plaques sur lesquelles ils avaient assemblé les caractères et même la photo du héro recherché par la police.

    Bien sûr, les acteurs jouent un peu faux à nos oreilles habituées qu’elles sont au naturel de pratiquement tous les acteurs, y compris de trois ou quatrièmes niveaux qui jouent dans des navets. Bien sûr la description délibérément « ultra moderne » du motel et le côté irréaliste, même pour l’époque, du labo photo qui lui est attaché nous fait sourire. Mais ces quelques aspects désuets sont vite balayés par la qualité de l’intrigue, la beauté de la déambulation nocturne parisienne de Jeanne Moraud et, bien sûr, l’exceptionnelle qualité de la bande son.

    Repassez vous dans les oreilles les magnifiques séquences, collant parfaitement aux images, durant lesquelles la trompette de Miles Davis mais aussi la batterie de Kenny Clarke et, plus discrètement,  le trombone de Barney Wilen, la basse de Pierre Michelot et le piano de René Urtreger, même en mono, vous transporteront de bonheur.

    « Ascenseur pour l’échafaud » est un vieux film mais il a bien vieilli et vaut vraiment la peine de lui consacrer, aujourd’hui,  91 minutes de votre temps. Vous ne le regrettez pas !


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  • - Michel Sardou le 22 mars 2013 à l’ARENA de Genève

    Cliquez sur la photo pour l'agrandir

     

    Je ne suis pas un grand fan de Michel Sardou mais, pour le nombre de ses succès et ses qualités d’interprète,  j’avais pris un billet ce vendredi pour assister à son concert intitulé « les grands moments ».

    Autant vous le dire tout de suite, j’ai été déçu. Peut-être Sardou était-il, comme il le dit dans son programme, « dans un mauvais jour » mais je l’ai trouvé contrairement à d’autres chanteurs de sa génération, « mal vieilli ».

    Une des raisons de ma déception vient du fait qu’il n’interprète dans ce concert que des anciens succès. Pas une création récente ou, mieux encore, une nouveauté. Certains de ces anciens tubes font d’ailleurs vraiment usés telle la chanson sketch interprété avec sa défunte mère sur « comme d’habitude ».  

    Ce qui ma surpris en outre est la mauvaise qualité vocale de son interprétation. Il a visiblement du mal dans les aigus et est parfois à la limite de la fausse note, mal masquée par l’écart du micro. Il compense ces difficultés par le support vocal d’un ensemble de six jeunes choristes probablement émules de Céline Dion et confondant volume et harmonie du chant. Puisque j’aborde le côté volume, je dois une fois de plus regretter le réglage beaucoup trop élevé de la sono. J’étais placé au troisième rang et ai dû, après quelques chansons, mettre des bouchons d’oreille pour ménager mes vieux tympans. Cette précaution m’a permis une écoute moins douloureuse mais, malheureusement déformée par l’écrêtage des aigus.

    Dernière remarque pour ne pas dire regret, Michel Sardou, comme nombre de chanteurs aujourd’hui, cède à la facilité en se faisant accompagner d’un ensemble de jeunes et jolies violonistes et violoncellistes. Contrairement aux choristes vêtues de manière sexy et parfois à la limite du provoquant et du vulgaire, ces « cordes » sont habillées de robes du soir, ont un physique bon chic bon genre et amènent à l’ensemble une touche classique et sérieuse même si elles sont à la limite du ridicule en laissant parfois leurs archets pour battre des mains en cadence et (c’est le moins qu’on puisse attendre d’elles) en mesure. Je mets personnellement cette mode dans la même catégorie que les jolies hôtesses se dandinant près des voitures des salons de l’auto !

    Pour terminer sur une note plus musicale et positive, le final habituel sur le morceau intitulé « salut », même si on le connait par cœur, est agréable et permet de rentrer chez soi sans regretter complètement sa soirée.


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       - Exposition "Paul Eluard" au Palais Lumière d'Evian- Exposition "Paul Eluard" au Palais Lumière d'Evian

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    J’ai visité ce dimanche au Palais Lumière d'Evian la superbe exposition consacrée à Paul Eluard.

     

    Quel plaisir de trouver au fil de la visite les manuscrits et éditions du célèbre poète ainsi que les peintures, photos et correspondance de ses innombrables amis.

    Imaginez cette époque "surréaliste" où son cercle proche comprenait, entre autres, Max Ernst, Aragon, Fernand léger André Breton, Giacometti, Georges Braque, Man Ray, Marc Chagall, Brassaï, Jean Cocteau, Picasso,  ou Dali !

    Existe t-il aujourd'hui une femme qui, comme Gala, superbe sur la toile "le Sommeil", et qui fut successivement la femme et l'égérie d'Eluard, de Max Ernst et de Dali ?

     

    Un seul regret mais de taille quant à cette belle et intéressante exposition: une vidéo de cinquante minutes sur le poète, par ailleurs passionnante, est présentée dans des conditions inacceptables: une salle non obscurcie, un son beaucoup trop faible, une image de très mauvaise qualité et un vidéo projecteur mal réglé projetant une image carrée au lieu d'un format 4/3. Inexcusable et impardonnable ! Quel dommage !


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  • - "Bonjour A tous"

    Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais, depuis quelque temps, il n’y a pas une émission de radio ou de télévision qui ne commence par « Bonjour à tous » ou parfois « Bienvenue à tous ». Je ne suis pas certain que beaucoup d’auditeurs ou de téléspectateurs aient noté la nouveauté de ces expressions mais autrefois, quand j’étais jeune, il y a donc longtemps, ces salutations étaient déclinées de manière directe. On disait « Bonjour tout le monde » ou « Mesdames et Messieurs, bonjour ». De la même manière, si je salue mon voisin en sortant de chez moi je lui dis « bonjour Monsieur Durand » et non pas « Bonjour à Monsieur Durand ».

    Je ne suis pas contre les évolutions de notre langue lorsqu‘elles correspondent à une nécessaire adaptation du vocabulaire à des objets ou concepts nouveaux ou, parfois, lorsque ces évolutions simplifient le langage sans pour autant l’appauvrir. Ce qui me surprend, à l’inverse, et m’irrite un peu, c’est de changer notre manière de parler en remplaçant une expression usuelle claire et simple par une formule alambiquée et inutile. On voit ainsi fleurir dans le langage dit « tendance » des pléonasmes tellement utilisés qu’ils s’intègrent de force dans notre langue usuelle et que la majorité des gens les considèrent comme du bon français. Je citerais, pour l’exemple, deux d’entre eux parmi les plus courants : « les collègues de bureau » et « il y a quelques années en arrière ».

    Il est aussi étonnant de constater que les évolutions de notre langue sont souvent paradoxales : Plus notre société devient féministe, moins on accorde les adjectifs à ce genre. Ce sont d’ailleurs souvent les jeunes femmes qui utilisent des expressions comme : « votre dernier article m’a surpris » ou « les photos que j’ai découvert ». N’est-il pas surprenant également de constater que plus le vocabulaire usuel se restreint, plus on invente des termes à l’allure « moderne » remplaçant des mots existants depuis des lustres dans le dictionnaire. Voici quelques exemples savoureux entendus récemment sur les ondes (je les note parfois…) :

    « Dangerosité » au lieu de « danger »

    « Historicité » au lieu d’ « historique »

    « Hôtesse de caisse » pour une « caissière »

    « Personne en situation de handicap » pour « handicapé »

    « Développement langagier » !!!!

    « Winterisation » (du réseau ferroviaire)

    « Encellulement » pour « emprisonnement » ou « internement » (ce terme a d’ailleurs une signification moyenâgeuse tout autre.

    « Employabilité »

    « re-naturation »

    Auxquelles s’ajoutent des contre sens journalistiques comme :

    Cellules « cancérigènes » au lieu de « cancéreuses »

    Boissons « alcooliques » au lieu d’ « alcoolisées »

    et, pour finir, une perle entendue ce jour sur FR3: un sauveteur parlant des inondations dans le Gard, déclare "les victimes furent évacuées à pied ou par le moyen de vecteurs bateaux" !... Je pense qu'il voulait dire "à pied ou en bateau"!

    En résumé, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et pourquoi ne pas réinventer une langue quand on n’en connait pas l’existant ?

    Allez, il vaut mieux en rire que d’en pleurer.

    Bonsoir A tous !


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